Julius est le le bélier fondateur de notre troupeau de mouton d’Ouessant. Pourtant, il ne s’en est fallu que de très peu pour qu’il ne transmette plus ses gènes. Apparemment agressif avec son berger précédent, son destin était tout tracé: l’euthanasie. Ses brebis acquises pour notre activité d’entretien du paysage (voir http://www.ecoparcelle.ch) étaient sensées arriver seules. A la dernière minute, retournement de situation, Julius les a accompagnées. Son berger n’avait plus le coeur de mettre fin à ses jours.
Retournement du destin…
Julius a rapidement trouvé sa place dans le troupeau d’alors. La présence d’autres béliers a sans doute contribué à équilibrer ses humeurs. En effet, chez sa nouvelle bergère, il n’a jamais cogné l’humain. Mais il a eu l’embarras du choix quant aux coups à distribuer à ses congénères!
Il a effectivement chèrement défendu son droit à la reproduction. Les chaleurs des brebis ont occasionné maintes joutes épiques dont Julius est souvent sorti vainqueur. Les autres béliers étaient jeunes alors. Julius a ainsi eu une année de totale préséance. Puis une seconde année plus difficile, mais néanmoins jalonnée de succès.
Ensuite, les revendications des autres béliers furent plus difficiles à écraser. D’ailleurs, il en a gardé une belle balafre au-dessus de l’oeil gauche. Fin septembre 2015, il s’ouvre l’arcade sourcilière gauche lors d’un « tête à tête » tumultueux avec un autre bélier, ce qui nécessite une intervention sous narcose chez le vétérinaire afin de recoudre. Au passage, une radiographie nous montrera une fracture du crâne sous-jacente. Actuellement, voilà deux saisons que sa bergère l’écarte de la reproduction.
Néanmoins, la contribution de Julius à l’évolution du troupeau à été considérable. Pourtant elle ne pourra jamais être précisément évaluée faute de documentation. En effet, Julius est venu renforcer les effectifs d’écoparcelle à ses débuts, dès la première année de pâturage. A cette époque, pas de prise de notes concernant les liens de parenté et les naissances. Seul le suivi des terrains importait. Jusqu’à ce qu’émerge l’envie d’élever dans le respect des standards de la race ovine du Ouessant.
La sérénité d’un empereur
Cédé sans prénom, ce bélier au destin étonnant devint Julius au bout de quelques mois. Son attitude empreinte de sérénité évoque celle d’un haut dignitaire, d’un chef romain. Julius lui sied « royalement ».
Son caractère étonnamment posé fut bien sûr une énorme surprise pour sa nouvelle bergère. Etant donné le descriptif du « fauve » qui avait été faite au moment de son achat, il avait été accueilli à contre-coeur. Seule la motivation à accueillir les brebis qui l’accompagnaient et dont écoparcelle avait grandement besoin pour ses contrats avait pesé dans la balance en sa faveur.
Les atouts de Julius
Si Julius fut chanceux, notre élevage également. Julius possède beaucoup de qualités. Sans en avoir conscience à cette époque où le physique des moutons m’importait peu, Julius apportait un joli bagage.
Un gabarit acceptable sans être optimal
Du haut de ses 50 cm, il est malgré tout d’une taille correcte, sur un marché où abondent les Ouessant sur-dimensionnés. De plus, il a une tendance à la maigreur la majeure partie de l’année (poids oscillant, supérieur à 20 kg). Faire grossir Julius est un tour de force. Ainsi, il reste d’un gabarit moyen. Et comme l’avait annoncé son berger d’alors, il « reproduit petit ». Sa descendance a confirmé cette tendance, avec une diminution spontanée de la taille entre 2013 et 2016.
Bon pied (bon oeil malgré les balafres sus-orbitaires!)
Julius a aussi de bons pieds. Bien que le piétin ne semble pas être un sujet de préoccupation chez le Ouessant, avoir de bons pieds avec de bons aplombs est un atout de rusticité. Cela se constate régulièrement au moment du parage. Certains membres du troupeau ont besoin d’avoir leurs onglons parés quatre à cinq fois dans l’année pour conserver un pied correctement dimensionné. La majeure partie du troupeau n’a besoin que de deux parages. Et encore, pour certains, un seul voire aucun ferait l’affaire. Selon la forme de l’ongle et les aplombs des membres du mouton, la corne s’use correctement (ou pas) grâce à l’abrasion exercée pendant la marche. Avoir de bons pieds est donc une garantie de confort et de santé indéniable.
Les incontournables cornes
Notre bélier fondateur possède également une belle cravate et un beau cornage. Ses cornes sont symétriquement placées de part et d’autre de la tête avec un écartement de 4 cm. Malgré le fait qu’un accident de la vie a amené Julius à casser l’extrémité de sa corne droite, sa génétique a bien fait les choses. Pas de cornes trop serrées. Pas de cornes enroulées type « béliers de château » comme j’ai pu lire leur dénomination et comme pourrait être classé notre bélier Berbec (voir https://www.ouessant-d-ailleurs.ch/un-belier-reproducteur-incontournable-de-nos-debuts/).
Chez Julius, ça cloche?
Et détail qui a toute son importance: pas de pendeloques! Bien qu’ayant eu peu de moutons avec pendeloques en mon troupeau, j’ai pu constater comme il est parfois difficile de se défaire de cette caractéristique non souhaitée chez le Ouessant. En effet, en achetant des moutons adultes ayant déjà subi un certain nombre de tontes, la présence de pendeloques n’est pas toujours vérifiable. Les pendeloques sont bien souvent tranchées par la lame de la tondeuse. Heureusement Julius n’avait pas de pendeloques aussi appelées clochettes.
Chez Julius, alors rien ne cloche!? 😉 En dehors de son gabarit, encore un reproche: la qualité de sa toison laineuse. Alors que Biscotte et Fakir ont une très belle laine, homogène et en filaments distincts, celle de Julius est courte et feutrée sur l’ensemble de son corps excepté le dos.
En y regardant de plus près, notre dernier bélier reproducteur en date, Champion, lui ressemble beaucoup. En termes de laine et de forme de cornage. Né chez nous, mais de père inconnu, je suis tentée de lui attribuer Julius comme géniteur. Avec le même raisonnement et pour les même similitudes, j’associerais Belino à Fakir. Maintenant que je connais les pères des mes agneaux, c’est un héritage que je surveillerai.